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Virgilier à bois jaune

Arbre remarquable

Credit : Suzanne Hardy, Enracinart, 2011.

Groupe d'onglets

Informations générales

Nom de la propriété

Université McGill

Période de développement

Description de l'espèce

Le virgilier correspond à un petit arbre rare, même dans son aire de distribution naturelle située dans les états de la Caroline du Nord, du Tennessee et du Kentucky. Au Canada, on ne peut le planter que dans les régions au climat plus doux. Il se caractérise par une écorce grise et lisse, semblable à celle du hêtre, un bois de couleur jaune, des fleurs blanches en longues grappes odorantes et des fruits formant des gousses aplaties. Ce spécimen de Cladrastis lutea sur le campus de l’Université McGill fut sans aucun doute planté par un botaniste amateur.

Énoncé d'intérêt

Valeurs dendrologiques

Ce virgilier à bois jaune (Cladastris lutea) est en bonne santé malgré ses 125 ans d’âge. Cependant, une faiblesse structurale a tout de même nécessité l’installation d’un hauban pour assurer la survie de cet arbre unique et magnifique qui se démarque nettement parmi les autres arbres de cet espace vert. Cet arbre majestueux possède une cime de forme arrondie aussi large (15 m) que haute. Cette espèce est rare dans la nature en Amérique du Nord (originaire des États de Caroline du Nord, de l’Arkansas, du Missouri, du Tennessee et du Kentucky), mais encore plus au Québec. Ce virgilier à bois jaune est d’autant plus rare qu’il a deux gros troncs exceptionnels de 64 et 65 cm de diamètre. Il se distingue par ses grandes fleurs blanches en grappes odorantes de 30 cm de longueur et ses fruits en forme de gousses aplaties.

Valeurs culturelles

Cet arbre aurait été planté vers 1892 lors de la construction de la maison de James Ross (1848-1913) occupée aujourd‘hui par le pavillon Chancellor Day de l’Université McGill.

Ross, né en Écosse, était un ingénieur civil qui a dirigé une grande partie de la construction du chemin de fer Canadien Pacifique et a travaillé à l’électrification des tramways à Montréal et dans plusieurs autres villes. La maison, conçue par l’architecte Bruce Price (connu pour la gare Windsor et le Château Frontenac à Québec) a été construite en 1892 en pierre calcaire jaune du Nouveau-Brunswick, et agrandie à deux reprises par les architectes E. & W.S. Maxwell. En 1948, le philanthrope John W. McConnell l’achète pour l’Université McGill. Depuis 1950 elle loge la Faculté de droit.

Dans ce paysage profondément transformé, l’arbre a une valeur historique en rappelant l’époque des grandes demeures du « Golden Square Mile ».

L’agrandissement du campus de l’Université McGill sur des propriétés de résidences prestigieuses datant de la fin du 19e siècle ainsi que leurs arbres remarquables témoignent de la qualité et de la valeur de ce secteur historique et patrimonial.

Critères de remarquabilité

Volet dendrologique

  • Âge : un arbre vétéran dont l’âge est relativement avancé par rapport aux autres spécimens de même espèce présents dans la région de Montréal.
  • Dimension : un arbre dont la hauteur ou le diamètre fait de lui un individu volumineux et imposant, par rapport aux autres arbres de son espèce.
  • Forme : un arbre peut être remarquablement beau s’il présente une structure parfaite, c’est-à-dire exempte de malformations , en bonne santé et sans trop de branches
  • Rareté : un arbre indigène, naturalisé ou introduit dont l’espèce est inhabituelle sur l’Île de Montréal et dont la dimension et/ou l’état de santé est appréciable.

Volet culturel

  • Artistique : Contribution remarquable à un effet visuel ou une ambiance recherchée par un concepteur.
  • Historique : arbre témoin de l’évolution de la société montréalaise et de ses institutions, des pratiques culturelles et horticoles anciennes, d’un événement historique, etc. Arbre témoin d’un structure territoriale ancienne devenue rare ou même disparue.
  • Paysagère : Arbre contribuant fortement à une composition paysagère significative. Repère visuel marquant dans le paysage urbain.
  • Symbolique et/ou commémorative : Symbole d’un événement significatif, parfois accompagné d’une plaque commémorative. L’endroit de la plantation peut contribuer au caractère symbolique.

Documentations

Références bibliographiques

COMMISSION DES BIENS CULTURELS DU QUÉBEC. Étude de caractérisation de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal. Décembre 2005.

FARRAR, John Laird. Les arbres du Canada. Service canadien des forêts, Ressources naturelles Canada, 1996, 502 pages.

FLINT, Harrison L. Plants for Eastern North America. John Wiley and Sons, 1983, 677 pages.

HIGHTSHOE, Gary L. Native Trees, Shrubs, and Vines for Urban and Rural America. Van Nostrand Reinhold, 1988, 819 pages.

Localisation

Arrondissement/ville

Ensemble de bâtiments

Paysage

Paysage de l'Université McGill

Nom du secteur

Parterres de l’esplanade de l’Université McGill et cours dans l’ancien Mille carré

La place du secteur dans le paysage

Une coulée verte au cœur du centre-ville

Le campus McGill est placé sur le flanc sud de la montagne, à la limite des coteaux abrupts du mont Royal. Le campus est situé dans la zone de transition qui relie les contreforts du sommet Mont-Royal au centre-ville. Le campus McGill ne se limite pas au cœur emblématique de l’université (le « campus inférieur »), mais occupe aussi de nombreuses anciennes résidences bourgeoises et de nouveaux pavillons situés dans le nord-est du « Mille carré ». Au pied de la montagne, ce campus et ce quartier historique se placent en arrière-scène du centre-ville, où la trame orthogonale montréalaise vient se heurter au relief accidenté de la montagne. La notion de coulée verte, des hauteurs du mont Royal à la rue Sherbrooke, est particulièrement équivoque sur le campus McGill. Ce versant bâti est interrompu par les coulées vertes créées par le parc Rutherford et l’esplanade centrale de l’université. La succession des espaces de l’esplanade dans la perspective de l’avenue McGill College, du parc Rutherford avec le réservoir McTavish, de l’ancienne villa Allan et du flanc sud du parc du Mont-Royal forme la mise en scène la plus prestigieuse de la montagne. Treize arbres remarquables sont présentés dans l’ensemble du campus McGill.

Un campus « à l’américaine »

Au cœur de l’Université McGill, l’esplanade et l’axe central du site orchestrent le lien visuel et physique entre le pavillon des Arts (le premier pavillon construit par l’université) et le majestueux portail d’entrée Roddick. L’emplacement de la maison et l’allée centrale de l’ancienne propriété de James McGill sont des facteurs à l’origine de l’organisation spatiale du campus McGill. Les parterres latéraux plus restreints accueillent à l’est de l’axe central deux aires gazonnées dans la tradition du central green, élément typique du campus américain. Ce type de campus basé sur le modèle de l’Université de Virginie, fondée en 1819 par Thomas Jefferson, se caractérise par une architecture de prestance, des pavillons détachés et une grande pelouse plantée.

Une telle influence se manifeste sur le campus McGill par la présence, au nord-ouest de l’axe, d’une pelouse concave encerclée d’arbres et agrémentée en son centre de la fontaine des cariatides, œuvre de Gertrude Vanderbilt Whitney, fondatrice du Whitney Museum of American Art de New York. Le bassin de l’architecte Percy Nobbs vient compléter cette composition en 1933. Enfin, les parterres latéraux proches de la rue Sherbrooke sont encadrés de bâtiments institutionnels et ponctués d’arbres matures. Cet espace plus fortement planté contribue à renforcer les frontières du campus. Ainsi, le secteur des parterres de l’esplanade de l’Université McGill est magnifié par la mise en scène paysagère prestigieuse de son entrée principale, de son architecture essentiellement victorienne et de ses esplanades arborées.

L’Université McGill possède aussi un nombre important de pavillons dans le quartier du Mille carré, qui sont ou bien d’anciennes villas réhabilitées, ou encore des constructions récentes. Le Mile carré était un quartier résidentiel luxueux dont les arbres remarquables témoignent des paysages des anciennes propriétés privées des plus grandes fortunes du Canada. Le secteur nord-est du Mille carré est un environnement construit très hétérogène, aux implantations, hauteurs et gabarits très différents. Les aménagements paysagers correspondent davantage à des aménagements de jardins et de façades de villas. Des grilles basses, des sentiers et de petits espaces verts aux plates-bandes fleuries entourent les anciennes propriétés reconverties.

Une variété d’arbres signe d’une riche biodiversité et d’un intérêt arboricole partagé

À la limite sud des parterres de l’esplanade de l’Université McGill, deux arbres remarquables, un marronnier à fleurs jaunes (Aesculus octandra) et un noyer noir (Juglans nigra), sont situés en bordure de la rue Sherbrooke et à proximité de la plaque commémorative de l’emplacement de l’ancien village amérindien d’Hochelaga. Ces deux arbres accompagnent le parcours de la rue Sherbrooke qui délimite les aménagements paysagers de l’université et filtre la perception des bâtiments à partir de la rue. Par sa grande valeur ornementale, le noyer noir fait partie des arbres privilégiés depuis le 19e siècle pour mettre en valeur une propriété.

Quatre autres arbres remarquables se situent au cœur de l’esplanade encadrée par les pavillons universitaires. Un hêtre européen à feuillage pourpre (Fagus sylvatica purpurea) pousse sur un parterre latéral qui borde la bibliothèque Redpath. Cet arbre est intégré à un alignement d’arbres hétérogènes bordant la terrasse de ce bâtiment. À proximité du pavillon Macdonald Engineering et du Musée Redpath, un tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera) est planté en 1949 par les étudiants diplômés dans l’espace en cuvette, où la topographie s’affaisse, pour y créer une ellipse gazonnée. Ce tulipier de Virginie, arbre rare à Montréal, contribue à cet îlot arboré dont les arbres aux essences variées se distinguent par leur singularité. Deux autres arbres se situent à proximité du pavillon Macdonald Engineering, dont un marronnier à fleurs jaunes (Aesculus octandra) et un fusain d’Europe (Euonymus europaeus) qui semble avoir été planté vers 1893 au moment de la construction du pavillon.

Les autres arbres remarquables font partie du secteur nord-est du Mille carré sur les terrains d’anciennes villas. Parmi eux, un chicot févier (Gymnocladus dioicus) d’environ 75 ans se situe aux limites nord du campus, dans la cour arrière du 546, avenue des Pins Ouest. Enclavé entre cette ancienne maison (occupée actuellement par le Centre de recherche clinique en oncologie Gerald-Bronfman) et le stationnement adjacent, il est le seul survivant d’un duo planté sur un petit promontoire gazonné par un ancien propriétaire.

À proximité et placé en façade de l’ancienne maison de James Ross (aujourd’hui Chancellor Day Hall), un ginkgo bilobé (Ginkgo biloba) aurait été planté au moment même de la construction de la maison en 1892. Sa monumentalité et sa position parfaitement symétrique dans l’axe du balcon tendent à confirmer son origine. À proximité, un virgilier à bois jaune (Cladastris lutea) planté dans le jardin privé derrière la maison Ross se trouve aujourd’hui près d’une rue passante – l’avenue du Docteur-Penfield – et sur le seuil gazonné de l’annexe moderne du pavillon Chancellor Day.

De l’autre côté de la rue, au 3647, rue Peel, un catalpa de l’Ouest (Catalpa speciosa) resplendit aux abords d’une ancienne villa. Avant la construction du pavillon Powell dans les années 1950, qui a fermé la perspective, un catalpa jumeau du côté de la rue McTavish (près de la Thomson House) complétait cet aménagement paysager.

D’autres arbres remarquables poussent au côté de pavillons modernes. L’Université McGill continue ainsi à créer un capital d’arbres remarquables et à augmenter la biodiversité de son campus. Au pied du pavillon Stewart Biological Sciences, un arbre de Katsura (Cercidiphyllum japonica) et un métaséquoia de Chine (Metasequoia glyptostroboides) font partie d’une cour intérieure moderne assortie d’un jardin décoratif à la topographie ondulée et ornementé de massifs plantés. Les arbres ont été plantés en 1965 par Darnley Gibbs, professeur de botanique, à l’occasion de l’ouverture de ce pavillon moderne. On doit en partie leur conservation à l’encadrement bâti qui les entoure et les protège de grandes intempéries. Cette cour restreinte encadrée de hauts édifices se présente sous la forme d’un jardin traversé de sentiers avec des plates-bandes de vivaces et d’arbustes.

Ainsi, le campus possède une mise en scène paysagère monumentale composée d’une grande esplanade, d’allées et d’alignements d’arbres aux essences diverses qui magnifient l’histoire et les qualités du site. Le Mille carré cultive quant à lui une relation privilégiée avec la montagne, par sa proximité et son histoire. Les anciennes résidences prestigieuses datant de la fin du 19e siècle accentuent la qualité et la valeur de ce secteur historique et patrimonial. Il y a aujourd’hui au moins 1 000 arbres sur les terrains de l’Université McGill qui représentent au moins 70 espèces.

Credit : Musée McCord 82092000

Histoire de l'aménagement du secteur

L’héritage de James McGill et de la fondation de l’Université McGill

L’Université McGill est la première des grandes institutions à s’installer sur la montagne, bien avant les cimetières, le parc et les collèges. Une loi de 1801 crée la Royal Institution for the Advancement of Learning, une société publique pour l’établissement d’écoles non confessionnelles. James McGill, un marchand de fourrure d’origine écossaise, lègue sa ferme Burnside et une somme d’argent à cette société en 1813 pour l’établissement d’un collège universitaire. Ses débuts seront lents; le nouveau collège commence à offrir des cours seulement en 1829 et entamera la construction de son premier pavillon 10 ans plus tard.

Au cours des années 1850, les premiers lotissements atteignent les hauteurs du mont Royal alors que la Ville de Montréal commence pour sa part l’excavation du réservoir McTavish, l’actuel parc Rutherford au nord du campus McGill.

Des arbres au centre d’un ensemble paysager remarquable

Dans la deuxième portion du 19e siècle, c’est l’épanouissement de l’université sous la direction de sir John William Dawson; le campus est alors aménagé et planté et s’inscrit dans la mouvance des campus « à l’américaine ». McGill devient ainsi une grande institution en bonne partie grâce aux efforts du géologue Dawson, principal (recteur) entre 1855 et 1893. Durant cette période, la partie des terres appartenant à McGill au sud de la rue Sherbrooke est vendue. L’institution commence alors à prendre de l’expansion en acquérant des propriétés voisines sur la montagne. C’est également Dawson qui se préoccupe en premier de l’aménagement paysager du campus. Il fait notamment planter de nombreux ormes (qui ont succombé à la maladie hollandaise de l’orme au début des années 1970) et la majestueuse rangée d’érables argentés le long de l’allée principale du campus inférieur.

Les deux éléments principaux qui ont conditionné l’organisation spatiale de la propriété sont l’axe symbolique nord-sud et le tracé sinueux du ruisseau Burnside. La présence de ce ruisseau pourrait expliquer le léger retrait de certains bâtiments et les contours ondulés des aires gazonnées. L’axe symbolique reprend quant à lui le tracé du chemin de ferme menant à la résidence de James McGill. L’université a su conserver à travers le temps ces intentions paysagères historiques.

À partir des années 1960, l’université entreprend des agrandissements. Son paysage bâti se transforme et se recompose par l’achat d’anciennes villas du Mille carré. L’université procède aussi à la construction de nouveaux pavillons à l’architecture moderne pour faire face à l’augmentation de la population universitaire.

Le campus McGill est aujourd’hui un lieu prestigieux et très fréquenté : c’est la vitrine de l’université, l’image qu’elle projette aux visiteurs, aux membres de la communauté universitaire et à la ville. En plus des arbres plantés, fruit d’initiatives individuelles de différents dirigeants, professeurs et horticulteurs de l’université, plusieurs arbres commémoratifs s’y trouvent également et contribuent à la qualité environnementale du campus. Dans sa planification, l’Université McGill s’engage à améliorer le lien naturel entre le campus et le mont Royal, à faire du campus un véritable parc urbain et à concevoir un réseau d’espaces publics et verts. Parmi les initiatives liées au couvert végétal, notons la création d’une nouvelle base de données répertoriant l’ensemble des arbres du campus, l’expérimentation d’une couverture végétale durable et un programme permanent de remplacement et de transplantation d’arbres.

Credit : Musée McCord, VIEW-24035.1

Espèce (latin)

Cladastris lutea

Nom anglais

Kentucky Yellowwood

Diamètre à hauteur poitrine (DHP) (cm)

65 et 64

Diamètre à la souche (cm)

120

Unité topographique

  • Le flanc sud, quartier centre-ville